Plan               Infos légales               Espace privé       

Lectures > Période du Pentecostaire > Dimanche de Thomas



Tropaire ton 7

Le sépulcre étant scellé, Toi qui es la Vie, ô Christ Dieu, Tu T’es levé du tombeau, et les portes étant fermées, Toi, la Résurrection de tous, Tu T’es présenté devant Tes disciples et par eux Tu as instauré en nous un esprit droit, dans Ta grande miséricorde.

Kondakion ton 8

Voulant s’assurer de Ta résurrection, Thomas toucha de sa main Ton côté vivifiant, ô Christ Dieu ; aussi, lorsque Tu entras, les portes étant fermées, il Te clama avec les autres apôtres : Tu es mon Seigneur et mon Dieu.


Epître : Actes V, 12-20 et Evangile : Jean XX, 19-31

Homélie de Mgr Joaquim

Actes des apôtres, chapitre V, versets 12 à 20

Beaucoup de signes et de prodiges s’accomplissaient dans le peuple par la main des apôtres. Ils se tenaient tous, unanimes, sous le Portique de Salomon, mais personne d’autre n’osait s’agréger à eux ; le peuple faisait pourtant leur éloge, et des multitudes de plus en plus nombreuses d’hommes et de femmes se ralliaient, par la foi, au Seigneur. On en venait à sortir les malades dans les rues, on les plaçait sur des lits ou des civières, afin que Pierre, au passage, touche au moins l’un ou l’autre de son ombre. La multitude accourait aussi des localités voisines de Jérusalem, portant des malades et des gens que tourmentaient des esprits impurs, et tous étaient guéris. Sur ces entrefaites le Grand Prêtre et tout son entourage - il s’agissait du parti des Sadducéens - furent remplis de fureur ; ils firent appréhender les apôtres et les jetèrent publiquement en prison. Mais, pendant la nuit, l’ange du Seigneur ouvrit les portes de la prison, les fit sortir et leur dit : "Allez, tenez-vous dans le temple, et là, annoncez au peuple toutes ces paroles de vie ! "

Evangile de Saint Jean, chapitre XX, versets 19 à 31

Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine, alors que, par crainte des Juifs, les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint au milieu d’eux et il leur dit : "La paix soit avec vous." Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie. Alors, à nouveau, Jésus leur dit : "La paix soit avec vous. Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie." Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : "Recevez l’Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus." Cependant Thomas, l’un des Douze, celui qu’on appelle Didyme, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc : "Nous avons vu le Seigneur !" Mais il leur répondit : "Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je n’enfonce pas mon doigt à la place des clous et si je n’enfonce pas ma main dans son côté, je ne croirai pas !" Or huit jours plus tard, les disciples étaient à nouveau réunis dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vint, toutes portes verrouillées, il se tint au milieu d’eux et leur dit : "La paix soit avec vous." Ensuite il dit à Thomas : "Avance ton doigt ici et regarde mes mains ; avance ta main et enfonce-la dans mon côté, cesse d’être incrédule et deviens un homme de foi." Thomas lui répondit : "Mon Seigneur et mon Dieu." Jésus lui dit : "Parce que tu m’as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru." Jésus a opéré sous les yeux de ses disciples bien d’autres signes qui ne sont pas rapportés dans ce livre. Ceux-ci l’ont été pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour que, en croyant, vous ayez la vie en son nom.

Homélie de Mgr Joachim, paroisse Saint Jean, Issy-les-Moulineaux, 1993

Le premier dimanche qui suit Pâques est consacré au saint apôtre Thomas, l’église veut proposer à notre attention son attitude, tout d’abord provisoirement incroyante, puis profondément croyante. L’épisode décrit par le saint évangéliste Jean est si touchant et les nuances du récit que nous découvrons tellement riches qu’il nous faudrait des heures et des heures pour les développer toutes. En voici quelques unes.

Le soir du jour de la résurrection, Jésus est apparu une première fois à ses disciples, ils l’ont accueilli avec crainte et tremblement. Les portes étaient fermées. Jésus apparut soudain au milieu d’eux et leur dit la bénédiction qu’ils connaissaient si bien : “La paix soit avec vous”. Leur joie éclate donc lorsqu’ils réalisent que les annonces de la résurrection, que Jésus avait faites, se sont révélées exactes. Mais l’un d’entre eux n’était pas là à ce moment : Thomas.

Le récit de l’apparition, que lui font plus tard les autres disciples le laisse incrédule et au lieu de se joindre à la joie de tous, il déclare que tant qu’il n’aura pas vu de ses yeux, il ne pourra pas croire. Une semaine s’écoule et Jésus apparaît de nouveau aux disciples, en passant aussi par les portes fermées (on voit ici le corps spiritualisé du Seigneur, comme seront d’ailleurs nos corps après la résurrection générale). Il invite Thomas à mettre son doigt sur la marque des clous et à plonger la main dans son côté. Il l’exhorte à n’être plus incrédule mais à croire. Thomas répond par un acte de foi qui semble être la plus complète, la plus brûlante, la plus profonde des confessions de foi de toutes les écritures : “Mon Seigneur et mon Dieu”.

Cet épisode est très fort puisqu’il introduit une note négative dans un contexte qui pourrait paraître euphorique et merveilleux. Un accent réaliste, pessimiste dans l’ensemble fait de joie. L’exaltation collective est ainsi exorcisée et ce n’est pas le moindre intérêt de ce point du récit.

Il en est pourtant un autre. Thomas nous dit que l’acte de foi n’est pas facile. Comme cela est consolant pour nous tous ! Peut-être que le mot de résurrection a perdu de sa force. À cause de l’habitude et de la routine, l’aberration de l’affirmation “le Christ est ressuscité” ne nous apparaît plus. Il fut même un temps dans l’histoire de l’Église où ceux qui ne croyaient pas, passaient pour des gens de mauvaise volonté, des marginaux. Parfois même on tentait de les éliminer tant ils paraissaient être des sous-hommes.

Et pourtant l’aberration c’est la foi. Le naturel c’est l’incrédulité. Ils le comprirent bien les chrétiens des premières générations qui ont eu à affronter la persécution sans cesse renaissante au cours des quatre premiers siècles. Mais lorsque est venu le succès de la mission, lorsque l’Eglise est devenue une forme de civilisation et le christianisme, religion d’état, les rôles s’inversèrent. Dans une affirmation faussement évidente, on en vint à penser qu’il était simple de croire.

Aujourd’hui, cette fausse évidence est levée. Non seulement nos sociétés s’installent dans l’incroyance, mais encore ce sont les croyants qui passent pour être fous. Dans certaines cultures occidentales, il devient de plus en plus incroyable de croire. Et pourtant il reste des croyants, on peut même dire beaucoup de croyants : vous voilà.

Pour vous, comme pour tous les vrais croyants de toujours, la foi n’est pas une évidence, c’est une certitude, et c’est la certitude d’un don reçu, d’une lumière venue d’en haut, d’une grâce. De là vient votre respect pour tous les hommes croyants ou incroyants. De là vient aussi votre imploration afin que le don que vous avez, soit donné à tous.

Cette imploration n’est pas seulement une prière. Elle devient communication, évangélisation. Comment, en effet, lorsqu’on a reçu soi-même une immense gratification, oui, comment ne pas faire part, à tous ceux que nous rencontrons de la “Bonne Nouvelle” que nous avons reçue ?

“Bienheureux ceux qui croirons sans avoir vu”. Il est très important de souligner cette parole de Jésus ici. Bienheureux ! Oui, une béatitude, la dixième du tout “Nouveau Testament”. Croire sans avoir vu, croire sur le témoignage de Thomas, sur le témoignage des apôtres, sur la foi de l’Eglise.

Disant cela, Jésus pense à nous, qui vingt siècles après les apôtres, avons reçu la même illumination qu’eux. Dans le jardin de Gethsémani, Jésus qui a prié pour eux et pour que leur foi ne défaille pas, a prié aussi pour nous. “Je ne prie pas seulement pour eux, dit-il, je prie pour ceux-là aussi qui grâce à leur parole croiront en moi, afin que tous soient un”

Oui, sans l’avoir vu, nous l’aimons ; sans le voir nous tressaillons d’une joie indicible ; nous savons que Jésus est le “Premier né d’entre les morts, ressuscité et élevé en gloire à la droite du Père”.

Donc si nous croyons que la foi est un don de Dieu, alors nous sommes logés à la même enseigne. Notre action de grâce rejoint celle des fondateurs de l’Eglise. Notre énergie peut-être la même et nous pouvons devenir, à notre tour, des fondateurs d’églises en notre vingtième siècle finissant. L’Église de tous les temps se trouve ainsi rassemblée dans l’unique don de Dieu, dans l’unique joie de Dieu. Et nos lenteurs à croire, comme ce fut le cas de Thomas, se trouvent elles aussi converties en signe pour tous ceux à qui mystérieusement le même don n’a pas encore été fait.




Site réalisé avec  S P I P